Libération 22 mai 2016 Coutellia
Vous pouvez retrouver D.PONSON Coutelier d'Art
http://next.liberation.fr/culture-next/2016/05/22/un-couteau-c-est-tres-sensuel_1453789
«Nos racines, nos gènes»
David Ponson, lui, est un oiseau rare dans la profession, cinquième génération d’artisans. Il fait «essentiellement de la pièce unique», comme souvent dans le métier. Il a reçu l’an passé le label «Entreprise du patrimoine vivant». Il expose dans un magasin du centre-ville de Thiers et a garni les tables de grands chefs (Les Crayères à Reims, l’Auberge du Jeu de Paume à Chantilly). Ponson raconte qu’il faut «aimer le produit, innover», dans les matériaux et dans les formes. Même si, ajoute-t-il, «le couteau, c’est notre passé. Quand on est né à Thiers, ce sont nos racines, nos gènes». David a récupéré les outils de son père. En fait, rien n’a changé depuis cinq générations. «La seule chose qu’ils n’avaient pas, c’est le chauffage dans les ateliers», sourit-il.
Pour David Ponson, les gens aiment avoir un beau couteau, personnel, «qui leur raconte une histoire». Un jour, un client lui a dit : «Ton grand-père serait fier de toi», et cela l’a «pris aux tripes». Il aime l’odeur particulière des ateliers de coutellerie, celle de l’acier et des pâtes à polir. Il apprécie la forme du «couteau Thiers», créé par Jean-Pierre Treille, l’organisateur et fondateur du salon, un peu courbé en S. «Les gens viennent à Thiers uniquement pour le couteau, résume-t-il. Comme ils vont à Saint-Claude pour acheter une pipe.»
Objet fondamentalement agressif, le couteau porte une dimension affective insoupçonnée. Souvent les clients de David Ponson lui disent que le couteau est «leur compagnon».